vendredi 20 janvier 2012

Interview

Je suis toujours fascinée par le travail des illustrateurs. Et surtout par ce qui les nourrit, par leur fonctionnement intime.

J'ai interviewé Virginie Martins, dont vous trouverez le blog ci-contre. Ses réponses m'ont scotchée ! Je fonctionne pareil, mais avec des mots ou des bribes de phrases !


Voici, en bleu, mes questions, et les réponses de Virginie :
- Est- ce qu’il t’arrive de rêver en dessin ? Et dans la vie, y-a-t-il des situations où tu « vois « un dessin au lieu de mots ?
Je n'ai jamais rêvé en dessin, par contre j'ai déjà fait des rêves où je me voyais dessiner. Ou alors je vois des dessins et bien souvent il m'arrive de les réutiliser dans mes propres illustrations: ce sont souvent des personnages, parfois des compositions (d'ailleurs j'ai souvent un carnet pas loin de moi pour dessiner en pleine nuit ou au réveil).
Sinon dans la vie je pense toujours en images ou en couleurs. Je n'ai pas souvenir de visualiser des mots dans ma tête...Ce sont toujours des images, des couleurs, des formes et même des odeurs et des parfums.

- Au moment où tu commences à dessiner, sais- tu déjà ce que tu veux obtenir ?

Là ça dépend il y a 2 façons pour moi.
Il m'arrive d'être "hantée" par une image, je peux la "traîner" pendant des mois. Dans ce cas c'est une image très précise, avec les couleurs, la compo, les persos...et je la garde en tête jusqu'à ce que je la couche sur papier.
Ce sont des illustrations "orphelines", elles ne proviennent pas d'un texte ou d'une histoires, elles se sont imposées d'elles-même.
Pour les travaux de commande ou les illustrations d'un texte qui m'est imposé, il y a toujours des recherches, des crayonnés dans tous les sens. Puis ça dépend beaucoup de l'inspiration: parfois je vais lire un texte et il ne va pas se passer grand-chose, là je sais qu'il va falloir noircir du papier avant de trouver des choses intéressantes (et si j'ai le temps, ce n'est pas toujours possible, d'où parfois la frustration au moment de rendre un travail...on se dit "j'aurai pu faire mieux"). d'autres fois j'ai des images qui me viennent tout de suite en lisant un texte. Souvent je creuse un peu plus, je n'aime pas m'arrêter à la première image venue. Parfois en lisant un texte ou un passage, j'ai une couleur qui s'impose. Là par contre je choisis cette couleur sans trop d'hésitation.


- Existe –t-il des choses que tu ne pourrais pas dessiner ? Si oui, quoi et pourquoi ?

Je suis incapable de dessiner du super sombre, du gore, du dépressif. Si je me sens mal et que j'ai besoin de me défouler pour faire sortir ce que j'ai sur le coeur, alors je me réfugie dans l'écriture. Je noircis du papier que je garde pour moi. Je suis incapable de le faire en dessin, je ne sais pas pourquoi...

- Dans ton métier, quelle est la place du plaisir et celle du travail ?

J'ai toujours du plaisir à dessiner! Enfin d'une manière générale et heureusement :). Après tout est question de "niveau de plaisir".
Le niveau le plus bas c'est quand je suis moins motivée, moins inspirée et qu'il va falloir que je me concentre un peu plus, que je me force. C'est quand je ne suis pas bien aussi, là je n'ai pas envie de dessiner mais pour rentrer dans les délais il faut bien.A ce moment là la place du travail c'est "je dessine pour vivre, et je ne vis pas pour dessiner".
Et le nirvana c'est lorsqu'il n'y a plus de contraintes, plus de limite de temps, là je me fais vraiment plaisir( comme avec les illustrations orphelines). Juste le plaisir de faire une image comme ça, de faire une image pour une image.
Puis il y a l'entre deux, l'équilibre à trouver :).

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